L’édition 2007 des « Salaires en France » de l’Insee fait apparaître un double résultat : une stagnation du revenu salarial sur les 30 dernières années, et une hausse des salaires, aussi bien pour les salariés du privé que du public, sur la période 2000-2005.
[(Le concept de revenu salarial correspond à l’ensemble des revenus perçus au cours d’une année donnée provenant directement d’une activité salariée et intègre une partie du risque lié au non-emploi. Bien que le salaire horaire ait progressé depuis le début des années 80, et malgré les nombreuses revalorisations du Smic, le revenu salarial annuel n’a, dans le même temps, pas évolué en euros constants. Cette stagnation provient, essentiellement, du développement de situations plus précaires, caractérisées par du travail à temps partiel et un nombre moyen de jours rémunérés dans l’année plus faible. Les jeunes et les salariés qui ne travaillent pas à temps complet, sont ceux qui ont vu leur revenu salarial réel diminuer le plus, subissant ainsi, pour les premiers, la baisse du nombre de jours rémunérés, et pour les seconds, celle du salaire journalier moyen.)]Globalement, les inégalités de revenu salarial ont légèrement augmenté jusque dans les années 90 avant de se stabiliser, voire de diminuer quelque peu. Ces inégalités proviennent, dans des proportions équivalentes, des écarts de salaire journalier et des écarts de durée de paie. Elles ont notamment augmenté chez les jeunes et chez les ouvrières, dues à une baisse du nombre de jours rémunérés. Chez les femmes cadres, au contraire, les inégalités de revenu salarial ont diminué sous l’action simultanée de la baisse des inégalités de salaire journalier et de durée de paie.
Ainsi, en vingt-sept ans, la proportion des travailleurs à temps partiel est passée de 6 % à 18 % de l’effectif salarié total, et celle des autres formes d’emploi atypique (intermittence, intérim, etc.), de 17 % à 31 % du salariat. Faibles durées annuelles d’emploi et baisse du nombre de jours rémunérés = baisse des revenus salariaux. Néanmoins, l’Insee indique que les revenus d’activité représentent en effet 60 à 70 % du revenu total disponible, les prestations sociales et les revenus du patrimoine venant éventuellement les compléter. Le revenu salarial net moyen (secteurs public et privé) a stagné sur la période 1978-2005, à 16 800 €. La période 2000-2005 enregistre même un recul : – 0,5 %. Ce résultat s’explique notamment par une plus grande précarisation de l’emploi.
Les grandes évolutions structurelles des salaires
Au cours de la période 2000-2005 les salaires du secteur privé ont augmenté en moyenne de + 0,5 % par an en euros constants pour les postes à temps complet. Dans le cas de la Fonction publique, il faut distinguer la fonction publique d’État (– 0,1 % par an) et la fonction publique territoriale (+ 0,2 %) ou hospitalière (+ 0,3 % par an). Sur la même période, la croissance annuelle moyenne du PIB s’est élevée à 1,6 % avec un creux en 2002-2003 et une croissance un peu plus marquée à partir de 2004~.
En tout début de période, l’impact de la croissance sur les salaires a été atténué par la modération salariale qui a accompagné, dans le privé, la mise en œuvre des 35 heures. Puis la reprise du chômage amorcée en 2001 a pesé sur les salaires. En 2005, avec le début en fin du premier semestre de la baisse du chômage, l’amélioration du marché du travail a engendré pour les salariés une évolution positive de leurs salaires en euros constants.
Revenu salarial moyen dans le secteur privé en 2005
| | Revenu salarial moyen | Salaire horaire | Horaire hebdomadaire | Semaines rémunérées |
| Ensemble | 16 127 | 11,9 | 32,1 | 42,1 |
| Hommes | 18 636 | 12,9 | 33,7 | 43,0 |
| Femmes | 12 801 | 10,4 | 29,9 | 41,0|
| Moins de 30 ans | 9 179 | 8,7 | 30,8 | 34,3 |
| De 30 à 45 ans | 17 886 | 12,0 | 32,8 | 45,3 |
| Plus de 45 ans | 21 003 | 14,0 | 32,3 | 46,4 |
Source : Insee, DADS, exploitation du fichier au 1/12.
Le Smic en croissance continue sur la période
Le Smic a augmenté sur toute la période 2000-2005, plus vite que le salaire moyen (écart de 1,8 point par an, en moyenne), notamment en raison des dispositifs des garanties mensuelles de rémunération instituées lors du passage aux 35 heures. Du 1er juillet 2002 au 1er juillet 2005, le Smic horaire a été revalorisé en moyenne annuelle de 5,4 %. En 2006, la hausse aura été plus modeste du Smic (+ 3,05 %).
Des disparités régionales fortes
Si le salaire moyen en France métropolitaine est de 22 900 € en 2005 pour un temps complet du secteur privé, il se décline très différemment d’une région à l’autre. Il est supérieur de 28 % en Île-de-France qui se caractérise par un poids important des cadres (29 % contre 16 % dans l’ensemble de la France). Viennent ensuite les régions Rhône-Alpes, Alsace et Provence – Alpes – Côte d’Azur, légèrement en deçà de la moyenne nationale. À l’opposé, on trouve le Limousin, la Basse-Normandie et le Poitou-Charentes où les salaires moyens sont inférieurs d’environ 15 % à ceux de la France métropolitaine. Dans les départements d’outre-mer (DOM), le salaire moyen est inférieur de 10 % à celui de la métropole.