L’Insee vient de publier la nouvelle série des enquêtes Revenus fiscaux et sociaux qui étudient les revenus et niveaux de vie des Français. En 2006, la moitié des habitants de la métropole ont un niveau de vie annuel inférieur à 17 600 euros, soit 1 467 euros par mois. Par rapport à 2005, ce niveau de vie a progressé de 1,7 % en euros constants. Les 10 % les plus aisés ont un niveau de vie d’au moins 33 190 euros par an, soit 2 766 euros par mois.
L’ensemble des actifs (personnes ayant un emploi et chômeurs), a un niveau de vie moyen comparable à celui des retraités. Les personnes pauvres représentent 13,2 % de la population en 2006 ; leur niveau de vie est inférieur à 880 euros par mois (10 560 euros par an). La pauvreté touche 30 % des familles monoparentales essentiellement constituées d’une mère et de ses enfants. C’est dans les villes de plus de 20 000 habitants, hors agglomération parisienne, que le taux de pauvreté est le plus fort.
Le niveau de vie médian est de 1 467 euros par mois en 2006
Selon l’Insee, la moitié des personnes vivant dans un ménage ordinaire de France métropolitaine avaient un niveau de vie inférieur à 17 600 euros par an, soit 1 467 euros par mois. Précision méthodologique toute statistique : « Le niveau de vie correspond au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation. Un ménage de deux personnes ayant un revenu deux fois supérieur à celui d’une personne vivant seule aura un meilleur niveau de vie, en raison des économies d’échelle que lui procure la vie en couple. Pour cette raison, ce n’est pas directement le nombre de personnes du ménage qui est utilisé dans le calcul du niveau de vie, mais une échelle d’équivalence. Le niveau de vie annuel moyen correspond à 20 600 euros en 2006, tous les membres d’un même ménage ayant par construction le même niveau de vie ».
Les 10 % les plus aisés ont un niveau de vie d’au moins 33 190 euros par an
En 2006, les 10 % des personnes les plus modestes de la population avaient un niveau de vie inférieur à 9 720 euros annuels alors que les 10 % les plus aisées disposaient d’au moins 33 190 euros, soit 3,4 fois plus. La moitié des personnes ayant les niveaux de vie les plus faibles disposent de 30,6 % de la masse des revenus disponibles par unité de consommation. Les 20 % les plus aisés disposent de 38,6 % de la masse des revenus disponibles par unité de consommation, soit 4,3 fois plus que les 20 % les plus modestes.
Par rapport à 2005, le niveau de vie médian a progressé de 1,7 % en euros constants, avec une progression de + 2,9 % pour les 10 % plus aisés et de + 1,7 % pour les 10 % moins aisés. En 2006, le revenu disponible de ces derniers était composé pour près de 42 % de transferts sociaux : « Les prestations familiales et les prestations logement constituent près des trois quarts de ces transferts (73 %). La part des prestations sociales dans le revenu disponible des ménages diminue avec le niveau de vie tandis que celle des revenus d’activité augmente ». Les impôts ont représenté 18,8 % du revenu disponible des 10 % des personnes les plus aisées, contre 20,3 % en 2005. Cette baisse résulte pour l’essentiel de celle de l’impôt sur le revenu en 2006.
Actifs et retraités : des niveaux de vie comparables
Le niveau de vie moyen des actifs et des chômeurs s’élevait à 21 760 euros par an (1 813 euros par mois), 6 % plus élevé que celui des inactifs. Mais le niveau de vie moyen d’un chômeur était inférieur de 35 % à celui d’un actif qui a un emploi et de 28 % à celui d’un inactif. Le niveau de vie moyen des retraités était de 21 540 euros par an (1 795 euros par mois), quasiment identique à celui des actifs : « Même si les retraites sont plus faibles que les salaires, des revenus du patrimoine plus élevés compensent en partie cet écart. Enfin, le nombre d’unités de consommation des ménages retraités, inférieur à celui des ménages actifs, réduit les écarts de revenus disponibles entre les deux types de ménage ».
Les jeunes de moins de 25 ans avaient un niveau de vie plus faible que le reste de la population : 18 270 euros (1 522,50 euros par mois) contre 21 620 euros (1 802 euros par mois) pour les plus de 25 ans : « S’ils vivent seuls, ces jeunes forment des ménages à faibles revenus en raison de difficultés d’insertion sur le marché du travail ou de salaires moins élevés perçus en début de carrière ; s’ils vivent chez leurs parents, ils réduisent le niveau de vie du ménage car ils n’apportent que peu (voire pas) de revenus tout en représentant 0,3 ou 0,5 unité de consommation selon leur âge. Au total, à partir de 18 ans, le niveau de vie croît avec l’âge jusqu’au milieu de la soixantaine puis diminue au-delà ».
Le seuil de pauvreté en 2006 : 880 euros par mois
Le taux de pauvreté monétaire est défini comme la proportion de personnes ayant un niveau de vie inférieur à un certain seuil, le seuil de pauvreté. Ce seuil est calculé par rapport à la médiane de la distribution des niveaux de vie. L’Insee et l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) ont adopté la norme européenne qui retient le seuil de 60 % du niveau de vie médian.
Le taux de pauvreté était de 13,2 % en 2006, soit un niveau de vie inférieur à 880 euros par mois. A titre de comparaison, au 1er janvier 2006, le plafond du RMI pour une personne seule était de 433 euros par mois et de 650 euros par mois pour une personne seule avec un enfant ou un couple sans enfant. Ainsi, 7,9 millions de personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté. La moitié d’entre elles avait un niveau de vie inférieur à 720 euros par mois, soit un écart de 18,2 % au seuil de pauvreté.
Les familles monoparentales sont les plus touchées par la pauvreté
En 2006, 30,3 % des personnes vivant au sein d’une famille monoparentale étaient confrontées à la pauvreté, soit une proportion 2,3 fois plus élevée que dans l’ensemble de la population, représentant plus de 1,6 million de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. « Dans 85 % des cas, les familles monoparentales sont constituées d’une mère et de ses enfants. Pour les familles monoparentales sous le seuil de pauvreté, cette situation est encore plus fréquente (91 % des cas). Seulement 35 % d’entre elles ont un emploi alors que 22 % sont au chômage ». Par rapport à 2005, la part de familles monoparentales pauvres est restée stable. Les transferts sociaux perçus par les familles monoparentales constituaient 19 % de leur revenu disponible, contre 6 % pour le reste de la population. Parmi les personnes vivant au sein d’un couple avec au moins trois enfants, 20 % étaient confrontées à la pauvreté. Les moins touchés par la pauvreté sont les couples sans enfant : seuls 6,4 % d’entre eux sont pauvres.
La structure familiale n’est pas le seul facteur de différenciation de la pauvreté, la zone de résidence est aussi un élément important. Les taux de pauvreté les plus forts (15,4 %) se trouvent dans les unités urbaines de plus de 20 000 habitants, hors agglomération parisienne. Dans cette dernière, 10,5 % des personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 2006, contre 12 % dans les communes rurales.