Après plusieurs semaines de tergiversations, le Gouvernement a tranché : ce sera 3,5 %… Le taux du livret A augmentera bien au 1er février, mais moins que prévu. Le Premier ministre, François Fillon, a donc choisi de porter le taux du livret A de 3 % à 3,5 %, soit plus que ne le préconisait la Banque de France, mais bien moins que les 4 % prévu par le mécanisme de calcul en vigueur pour sa rémunération. « Le Premier ministre a estimé que l’augmentation des taux d’intérêt et de l’inflation sur la période récente justifiait une augmentation de 0,5 % du Livret A », précise le communiqué du cabinet du Premier ministre.
Le montant de rémunération du Livret A, le produit d’épargne préféré des Français (46 millions en détiennent un, pour un encours moyen de 3 000 euros, soit un total de 116,6 milliards d’euros ans les bas de laine des Français) est le résultat d’un calcul complexe instauré en 2004, pour « dépolitiser » sa fixation.
La formule de calcul automatique prévoit sa révision aux 1er février et 1er août de chaque année, sur la base de l’évolution du taux de l’argent à court terme, l’indice retenu étant l’Euribor 3 mois, et de l’inflation hors tabac. Or, l’inflation française est en hausse, et l’Euribor 3 mois a atteint des sommets, au plus depuis 7 ans, notamment en raison de la crise de liquidités qui secoue le marché interbancaire. En décembre, le taux Euribor 3 mois a atteint 4,848 % en moyenne et l’indice des prix à la consommation hors tabac a affiché 2,46 % en glissement annuel. Résultat, le taux du livret A aurait dû être fixé à 4 %.
Mais « Le gouverneur de la Banque de France a estimé que la rémunération du Livret A ne devait pas tenir compte de la situation anormale de l’Euribor, liée aux turbulences financières internationales. Le gouverneur a souligné que l’application de la formule automatique serait pénalisante pour l’économie française, en augmentant le coût de financement du logement social, des ménages et des entreprises, en particulier des PME », explique Matignon.
En effet, relever le taux du livret A n’est pas sans conséquences sur le financement du logement social, renchérissant le coût du crédit auquel empruntent les différents acteurs du logement social pour la construction de nouveaux logements.
Du coût, une nouvelle formule de calcul du taux de rémunération du livret A devrait être mise en place : François Fillon a demandé à la ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, « de soumettre au comité consultatif de la législation et de la réglementation financière une évolution de la formule de calcul permettant d’éviter de manière pérenne la prise en compte d’une sur-réaction des taux courts et de mieux assurer la protection du pouvoir d’achat (…). La nouvelle formule sera fondée sur la moyenne des taux courts (Euribor et Eonia) et de l’inflation, le résultat ne pouvant être inférieur à l’inflation augmentée de 0,25 % ».
Reste un dernier petit coup de pouce : Matignon a indiqué que le taux du LEP (livret d’épargne populaire) passerait de 4 % à 4,25 % à la même date.