Si l’argent est universel, sa perception est pour le moins très différente selon ses utilisateurs. La Fédération bancaire française et l’institut de sondage IFOP ont mené une étude sur les Européens et l’argent. Français, Italiens, Espagnols Allemands et Britanniques entretiennent des rapports très spécifiques avec l’argent.
NDRL : Nous retranscrivons ici la synthèse de cette étude telle qu’elle nous a été transmise. Nous laissons à nos lecteurs le soin d’en prendre connaissance et de se forger un avis librement.
Les Européens conservent des pratiques bancaires différentes même s’ils se rejoignent sur plusieurs points, en particulier sur la nécessité d’une épargne de précaution. De même, ils attendent tous beaucoup de l’Europe bancaire, selon une enquête de l’Ifop menée dans cinq pays européens (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni)*.
L’argent ne fait pas le bonheur… sauf en France
61 % des Français déclarent manquer d’argent « pour être tout à fait heureux », loin devant l’amour (33 %). Les Allemands et les Italiens, en revanche, attendent surtout de l’amour et des amis pour être heureux. Parler d’argent n’est pas non plus perçu de la même façon selon les pays : 59 % des Français perçoivent ce sujet comme tabou, alors que seulement 28 % des Espagnols, 36 % des Italiens, 39 % des Britanniques ou 47 % des Allemands partagent ce point de vue.
Des Européens tous partisans de « l’épargne air bag »
En revanche, les Européens interrogés sont unanimes pour considérer que l’argent est avant tout une sécurité pour l’avenir, bien avant de permettre de profiter des plaisirs de la vie. Pour la moitié d’entre eux, leur priorité en matière financière dans les mois et années à venir est de constituer une épargne en cas de coups durs devant, en France, un projet immobilier (32 %), au Royaume-Uni et en Espagne, la préparation de la retraite (26 % et 32 %), ou la réalisation de travaux en Italie et en Allemagne (39 % et 40 %).
Des pratiques bancaires variées
80 % des Européens ont une bonne opinion de leurs banques, mais les pratiques diffèrent au quotidien. Les Espagnols et les Italiens, moins satisfaits des banques, sont aussi les moins fidèles. Plus de la moitié des Espagnols et des Italiens sont clients de leur banque actuelle depuis moins de 10 ans alors que cela fait plus de 10 ans pour 66 % des Français, 61 % des Britanniques et 60 % des Allemands.
Si la compétitivité prix des offres bancaires est un critère important dans le choix d’une banque, c’est particulièrement vrai en France (74 %). Le Royaume Uni et l’Allemagne privilégient quant à eux la solidité financière de l’enseigne. Autre exemple : se rendre à l’agence reste le moyen privilégié pour communiquer avec sa banque pour 68 % des Espagnols, 64 % des Italiens et 59 % des Français, quand les Britanniques et les Allemands préfèrent utiliser Internet (respectivement 61 % et 56 %).
Des Européens globalement prêts à ouvrir un compte en dehors de leurs frontières
88 % des Italiens et 77 % des Espagnols se montrent prêts à ouvrir un compte, souscrire un crédit ou un produit financier en dehors de leurs frontières. C’est également le cas de plus des deux tiers des Français et des Allemands. Quant aux Britanniques, 58 % y sont prêts.
Les freins perçus sont divers : pour 70 % des Britanniques c’est la barrière de la langue ; pour 61 % des Français, la distance géographique et l’absence de relations directes, une raison citée aussi par les Espagnols et les Italiens. Les Allemands quant à eux craignent à 67 % une mauvaise protection juridique en cas de problème.
L’Europe pèserait plus lourd si l’Europe bancaire était plus forte : un avis unanime
Les Européens sont en revanche tous convaincus que l’Europe pèserait plus lourd sur l’économie mondiale si elle bénéficiait d’une Europe bancaire forte (84 % en moyenne et même 95 % des Italiens). Si les Anglais s’inscrivent en bémol, 70 % d’entre eux partagent tout de même cet avis. Pourtant en moyenne, seuls 22 % des Européens interrogés savent que des initiatives européennes sont en cours pour créer un marché bancaire et financier unique.
Les attentes vis-à-vis d’une Europe bancaire sont différentes selon les pays : avant tout une baisse des tarifs bancaires en France (64 %) et en Italie (62 %) ; plus de facilité sur les transferts d’argent en Europe en Allemagne (70 %) et au Royaume Uni (56 %), ou plus de solidité du système bancaire européen face aux crises financières mondiales en Espagne (57 %).
| *Note méthodologique : enquête réalisée par l’Ifop sur un échantillon de 2 500 Européens, soit 5 échantillons de 500 personnes, représentatifs des populations âgées de 18 ans et plus en France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Espagne (méthode des quotas). Les interviews ont été réalisées par internet du 12 au 17 juin 2008. |
(|5 pays, 5 profils|)
Les Français se déclarent le plus être épargnants, plutôt gestionnaires attentifs (avec les Allemands) et économes (avec les Espagnols). Épargnants, ils sont aussi les plus sensibles aux prix (ils comparent toujours beaucoup les prix avant d’acheter). Les Français ont également la particularité d’être ceux qui se sentent les moins intéressés par l’univers bancaire et les produits financiers. En conséquence, ils se disent davantage prêts à suivre les recommandations d’un conseiller en matière de produits et services bancaires.
Les Allemands suivent de très près leurs comptes mais se sentent plutôt dépensiers et faiblement épargnants. Avec les Français, ils comparent beaucoup les prix avant d’acheter, et s’ils sont assez peu intéressés par l’univers bancaire ils estiment néanmoins, et davantage que dans les autres pays, qu’il y a des banques meilleures que d’autres. Même s’ils gèrent beaucoup leurs comptes par internet, les Allemands ne se sentent pas pour autant déconnectés de leur banque ou de leur conseiller avec lequel ils estiment avoir de fréquents échanges.
Les Britanniques s’estiment être les plus familiers des questions bancaires, ce qui ne les pousse pas pour autant à s’estimer bons gestionnaires. Plus que les autres pays, ils disent mal maîtriser leur budget et ne pas vraiment savoir quel est le niveau de leur compte bancaire. Plus experts des produits financiers, un interlocuteur généraliste leur convient très bien. Plus autonomes et donc distants, ils gèrent leurs comptes eux-mêmes, connaissent moins que les autres pays leur banquier ou leur conseiller, ce qui ne les rend pas nécessairement volatiles (parmi les cinq pays, ce sont les plus attachés à leur banque).
Les Espagnols, en dehors du fait qu’ils se considèrent les plus économes, se situent souvent à mi chemin des cinq pays étudiés. Ils suivent assez attentivement leur compte, épargnent modérément, s’intéressent un peu aux questions bancaires (moins que les Anglais, mais plus que les Allemands ou les Français). Parmi les cinq pays étudiés, ils sont les plus nombreux à estimer que « toutes les banques se valent ». Peut-être en réponse à cela, ce sont également ceux qui préfèrent le plus le contact avec le personnel bancaire pour gérer leur compte.
Les Italiens, les moins satisfaits de leur banque, en sont clients depuis moins longtemps que les autres. Ce sont aussi ceux qui s’estiment le plus facilement prêts à changer de banque. Les Italiens sont exigeants, et attendent plus que les autres Européens des interlocuteurs experts, même si parallèlement ils sont les plus nombreux à déclarer se faire une opinion par eux-mêmes sur les produits et services financiers. Ils s’estiment assez dépensiers, ne regardant pas toujours les prix avant d’acheter.